Rencontre avec l'un des Français qui veut révolutionner le monde du pc gaming : Emmanuel Freund, cofondateur de Blade.
Suite à la présentation du Shadow donnée dans les locaux
de Blade dans le XVIIe arrondissement de la capitale, nous avons obtenu une
interview avec l’un des quatre trublions du gaming français : Emmanuel Freund. Interview
dans laquelle la naissance du projet Shadow, l'avenir de Blade et bien d’autres
sujets sont abordés. (Si vous ne savez pas ce qu'est le Shadow, venez le découvrir ici !)
Question n°1 : Comment l’idée du Shadow vous est-elle venue ?
"Il y a plusieurs raisons qui
nous ont poussés dans cette aventure. Avant je travaillais avec des amis dans
les smartphones, plus précisément chez Doro. Dans cette industrie, les gens pensent
qu’il faut forcément être un grand nom pour se faire une place (Apple et Samsung
pour ne citer qu’eux) mais nous avons décidé de tenter l’aventure quand même.
Ensuite, quand on arrive à la conception et que l’on regarde en Chine, les usines
produisent de nombreux modèles et il suffit de choisir celui que l’on préfère
et d’apposer le logo de notre marque dessus. Nous n’avons pas voulu faire comme
les autres et nous avons décidé de concevoir notre appareil du début à la fin malgré
les avis de nombreuses personnes qui nous disaient que c’était vain, qu’on
allait se planter et au final ce fut un succès ! Plus de 240 mille ventes
et des modèles présents chez des opérateurs comme Orange par exemple. Même si les
smartphones sont très intéressants, au bout d’un moment j’ai eu envie d’essayer
d’autres choses."
Question n°2 : Vous êtes donc un innovateur qui n’a pas peur de se lancer dans l’inconnu aux côtés de vos collègues et amis. Quelle est la seconde raison ?
"L’autre raison est l’évolution ultra-rapide des réseaux mobiles. En effet, il y a encore quelques années dans la
campagne il fallait monter sur la colline et tendre le bras pour espérer avoir
du réseau, alors que de nos jours nous pouvons capter partout, même dans le métro, et cela nous offre de nouvelles possibilités et de nouveaux usages. De plus, aujourd’hui les objets connectés comme l’Apple Watch sont inutiles car leurs
composants doivent être les plus petits possibles, consommer le moins d’énergie
possible. À cause de ces contraintes, l’autonomie est faible et la puissance est
réduite pour ne pas chauffer. C’est à ce moment que l’idée de déplacer les
composants d’un appareil dans un datacenter pour pouvoir bénéficier d’une
puissance presque sans limite et d’une consommation d’énergie faible nous est
venue."
Le boitier du Shadow |
Question n°3 : Quelles sont les dates importantes de cette aventure ?
"Vers octobre 2014, nous avons
présenté mon projet à un des meilleurs développeurs que je connaisse. Selon lui
c’était impossible de faire fonctionner un PC dans le cloud. C’est là que je
lui ai montré la démo que j’avais faite avec des amis et il a subitement changé
d’avis pour rejoindre l’équipe. Il nous a ensuite présentés à un des meilleurs développeurs
de France, qui après de longues discussions nous a rejoint lui aussi ! Nous étions alors une petite équipe de six développeurs.
En octobre 2015, nous avons réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros auprès d’investisseurs comme le cofondateur de Vente-privee.com par exemple. Nous étions alors dans un petit 20m², il faisait chaud, c’était infernal.
En octobre 2015, nous avons réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros auprès d’investisseurs comme le cofondateur de Vente-privee.com par exemple. Nous étions alors dans un petit 20m², il faisait chaud, c’était infernal.
Par la suite, nous avons déménagé dans un appartement parisien de
200m², nous étions alors 12 personnes. C’est à ce moment que nous avons levé 13
millions d’euros supplémentaires auprès de personnalités comme Pierre
Kosciusko-Morizet, Sophie Dulac et un milliardaire thaïlandais."
Question n°4 : Comment comptez-vous vous développer ?
"Nous voulons d’abord rester en France, c’est notre point d’attache à la fois commercial et sentimental. Nous préférons
d’abord s’assurer que tout va bien avant de s’étendre mais nous avons pour
objectif de nous exporter en Europe et aux États-Unis pour l’horizon 2017. Pour
cela, il faut d’abord garder notre avance sur les autres et s’assurer d’être les "meilleurs" (ce qui est le cas, même les autres constructeurs le reconnaissent)."
Trois des quatre cofondateurs Stéphane Heliot à gauche, Emmanuel Freund au centre et Asher Kagan à droite |
Question n°5 : Pour parler du Shadow plus en détail, quels problèmes avez-vous rencontré lors de l’élaboration du projet ?
"Quand on se lance dans un
projet comme celui-ci, on se lance dans l’inconnu, donc des problèmes nous en
avons rencontré beaucoup. Même si nous sommes des experts, on s’apercevait de ce
qui n’allait pas au fur et à mesure que le Shadow prenait forme. Pour commencer
les composants, les constructeurs annoncent souvent des choses qu’ils ne
peuvent pas faire, ou mal. Par exemple, certains annoncent des décodeurs qui
peuvent décoder de la 4K à 60 fps mais ils ne disent pas qu’il y a un temps de
chargement important, de la bufferisation et par conséquent des lags qui n’ont
pas leur place sur notre machine. Il fallait donc que nous recherchions et testions
nous-mêmes des composants. De plus, l’optimisation était difficile, il fallait
travailler très dur au niveau de l’encodage pour gagner quelques pixels.
Ensuite, le design était un passage obligé et vraiment difficile. Nous avons testé des centaines de prototypes pour pouvoir faire un choix. Le problème était que les gens trouvaient le design sympa mais pas exceptionnel. C’est pourquoi nous avons décidé de tout changer et de reprendre de zéro pour arriver au résultat final que vous voyez aujourd’hui.
Se faire connaitre est difficile aussi, toute notre communication passe par les réseaux sociaux mais il va falloir que l’on progresse sur ce point."
Ensuite, le design était un passage obligé et vraiment difficile. Nous avons testé des centaines de prototypes pour pouvoir faire un choix. Le problème était que les gens trouvaient le design sympa mais pas exceptionnel. C’est pourquoi nous avons décidé de tout changer et de reprendre de zéro pour arriver au résultat final que vous voyez aujourd’hui.
Se faire connaitre est difficile aussi, toute notre communication passe par les réseaux sociaux mais il va falloir que l’on progresse sur ce point."
Question n°6 : Avez-vous des concurrents ?
"Nous avons de nombreux
concurrents, mais c'est une bonne chose car plus il y a de constructeurs qui
adoptent le PC dans le cloud plus il y aura de consommateurs qui adopteront ce mode d’utilisation."
Question n°7 : Vous n’avez pas peur de cette concurrence ?
"Non, car nous sommes les meilleurs et
nous avons de l’avance sur les autres. Par exemple, si vous prenez la NVIDIA Shield avec The Witcher 3 qui est un jeu très exigeant et que vous le comparez
avec un PC local, vous ferez tout de suite la différence, le PC local sera
meilleur. Alors que si vous comparez le Shadow au même PC, il n’y aura pas de
différence."
Question n°8 : Et concernant la sécurité ?
"La question de la sécurité se
divise en quatre autres questions. Tout d’abord regardons-nous vos données ?
Non, car cela ne nous intéresse pas et car nous n’en avons pas le droit. Ensuite, est-il possible de le hacker ? La réponse est oui. Notre cloud sera plus
facile à pirater que celui de Google mais sera plus difficile que votre
ordinateur car le pirate devra d’abord passer la sécurité du cloud puis celle
de votre ordinateur. Communiquez-vous les données à l’État ? Non, sauf si vous
projetez de commettre des actes terroristes, et dans ce cas nous communiquerons
vos infos avec plaisir. Et enfin, peut-on subir une attaque de type man-in-the-middle ? Oui, mais pour cela il faudra que la personne vous en veuille personnellement
et qu’elle soit très compétente en informatique.
Le Shadow sous l'un de ses nombreux angles |
Question n°9 : Pour finir, êtes-vous plus console ou PC ?
"Je ne joue qu’occasionnellement
sur console, je préfère vraiment jouer sur PC ! Mais toujours pour le travail bien évidemment !"
Nous remercions Emmanuel Freund de nous avoir accordé cette interview.
Nous remercions Emmanuel Freund de nous avoir accordé cette interview.
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